Avance rapide
mai 28, 2021
Mes amis, est-ce moi ou le temps a passé si rapidement depuis quelques mois qu’il est parfois effrayant d’essayer d’atteindre la productivité d’une journée moyenne avant la COVID-19? Et étrangement, pour plusieurs d’entre nous, le rythme de la vie n’a jamais été aussi lent. Sans oublier que le monde qui nous entoure est pratiquement immobile. C’est une réflexion bizarre, mais il semble qu’il n’y a jamais eu un moment dans l’histoire où la vie a été aussi sédentaire que lors des derniers mois. Alors, pourquoi le temps semble-t-il passer si vite? J’ai entendu parler de distorsion temporelle de la COVID-19 et, je ne sais pas pour vous, mais je suis assurément dans le phénomène. Ici, en Nouvelle-Écosse, nous vivons en état d’urgence depuis plus de sept semaines maintenant, toutefois, au niveau instinctif, j’ai l’impression que ça ne fait que quelques jours. Et pour ce qui est de la vie avant la COVID, on dirait que mes souvenirs datent d’une éternité. C’est un sentiment pour le moins étrange. Enfin, il y a quelque chose de très réel au sujet de la « vie au temps de la COVID » qui a déformé notre perception du temps et a rendu la vie plus difficile, et franchement parfois épuisante et surréelle...
La vie a beaucoup changé pendant ces sept semaines. Le jeudi 12 mars, mon monde était encore normal... Le terme coronavirus était sur mon radar, mais honnêtement, c’était la dernière chose qui me préoccupait. Avec du recul, c’est peut-être la pensée la plus naïve que j’ai eue dans ma vie. Ouf... Bon, je m’écarte du sujet. Le 12 mars a été une journée anormalement occupée. Je revenais tout juste d’un voyage à l’étranger, la semaine de relâche arrivait bientôt et je m’efforçais de préparer un plan de cours pour un enseignant suppléant, car j’étais à quelques heures de sauter dans un avion avec ma partenaire Nicole pour me rendre aux Prix JUNO à Saskatoon. Inutile de vous dire que nous n’avons pas pris l’avion. Peu après avoir été avertis de l’annulation des Prix JUNO, nous nous sommes retrouvés à faire des courses pour nous procurer des produits essentiels tout en planifiant de nous installer dans la ville natale de Nicole, la magnifique Cheticamp, au nord-ouest du Cap-Breton.
Avance rapide.
Nous voici sept semaines plus tard, vivant et enseignant dans un climat et un environnement que nous n’avions jamais pensé voir un jour. À mon école, Allison Bernard Memorial, à Eskasoni, cela fait déjà un mois que nous enseignons en ligne, une situation qui est venue avec son lot de problèmes. Nous commençons cependant à trouver notre rythme. Au cours du dernier mois, notre administrateur a travaillé sans relâche pour identifier nos 264 élèves qui n’ont pas accès à Internet ou qui n’ont pas d’ordinateur ou d’appareil approprié pour l’apprentissage en ligne. Il a fait beaucoup d’appels et laissé beaucoup de messages. 125 Google Chrome Books ont été désinfectés et prêtés aux élèves dans le cadre d’un processus de ramassage sans contact. Il y a même une initiative pour offrir l’Internet gratuit grâce à des bornes d’accès WI-FI dans toute la collectivité afin que tous les élèves aient accès à Internet pendant la pandémie. J’arrive à peine à imaginer le travail nécessaire. Il s’agit là d’une des nombreuses initiatives en cours dans la collectivité pour répondre aux besoins des élèves. Merci à tous ceux qui ont travaillé en coulisses chez ABMHS!
Avance rapide.
À titre d’enseignant qui travaille à la maison, j’ai eu ma part de défis à relever, mais le plus grand pour moi a été de restructurer mes cours de musique pour retirer l’interprétation de la musique, faute d’instruments. Dans mon cours de guitare pour débutant, la plupart des élèves n’ont pas leur propre instrument, ce qui rend les cours virtuels et les répétitions impossibles. J’ai donc passé beaucoup de temps à réfléchir à des façons d’enseigner la musique qui sont nouvelles pour moi. Certaines méthodes ont fonctionné, d’autres non. Toutefois, en tant qu’enseignant qui utilise des méthodes interactives et pratiques, ce fut tout un défi pour moi.
Et il ne faut pas oublier les nombreux obstacles techniques. Dans la campagne néo-écossaise, le réseau Internet peut être lent et les interruptions de service pendant les cours en ligne sont fréquentes. De plus, le transfert de fichiers volumineux pendant la journée est pratiquement impossible. Souvent, je téléverse mon contenu pendant la nuit, en alternant les nuits avec Nicole (également enseignante).
J’ai également eu des difficultés par rapport au volet administratif. J’ai notamment dû adopter Google Classroom comme plateforme d’enseignement. J’ai toujours utilisé des ordinateurs sur une base régulière avec mes élèves, mais à titre d’enseignant de musique, je note rarement un travail à 100 % en format électronique, et je donne encore moins un cours entier dans ce format. Je peux dire qu’il m’a fallu apprendre beaucoup de choses et je souhaite remercier tous mes collègues qui m’ont facilité la tâche. De plus, je suis reconnaissant pour nos réunions du personnel virtuelles hebdomadaires. Elles font du bien au moral et nous permettent de travailler ensemble pour surmonter les nombreux problèmes liés à l’enseignement en ligne.
Avant de conclure, je souhaite exprimer mes plus sincères condoléances aux gens de la CARAS, aux personnes qui ont fait partie de l’organisation des Prix JUNO 2020, que ce soit à titre d’artistes, de techniciens et d’administrateurs, et à l’ensemble des amateurs de musique country du Canada. L’annulation de l’événement a été une chose bien triste, quoique nécessaire. Cela prendra du temps, mais je suis absolument certain que notre industrie saura se relever et revenir plus forte que jamais une fois que tout cela sera derrière nous. J’en suis certain, car si la « vie au temps de la COVID » m’a confirmé une chose, c’est que les arts sont essentiels au bien-être de la société et de l’humanité en général.
De plus, je suis sûr que l’histoire notera que les arts, en particulier la musique, ont joué un rôle fondamental pour aider le monde à passer au travers de cette période difficile et à guérir des nombreuses tragédies. Je ne peux pas m’empêcher de rêver : et si tout l’amour témoigné aux arts en ce moment menait à une renaissance de l’enseignement des arts au Canada et ailleurs dans le monde?
Je remercie MusiCompte de m’avoir donné la chance de contribuer à la série de blogues l’Enseignement de la musique à distance au Canada. Je souhaite à tous mes collègues enseignants, et à leurs élèves, un retour sécuritaire et rapide en classe tout en musique. Nmu’ltes (à la prochaine) tout le monde.
Carter Chiasson enseigne la musique et les technologies à l’école secondaire Allison Bernard Memorial à Eskasoni, en Nouvelle-Écosse. Il a reçu le Prix MusiCompte du professeur de l’année en 2020.